Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/159

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songeait peu à lui demander sa main pour lui-même, miss Milner fut profondément affligée ; elle lui lança un regard plein de reproches. Il n’y fit pas attention.

« Tant que vous ne serez point mariée, il me semble que la volonté de votre père vous prescrit de rester avec moi ; mais comme j’ai dessein de faire désormais mon séjour ordinaire à la campagne, répondez-moi franchement : Croyez-vous pouvoir vous y trouver heureuse, au moins pendant neuf mois de l’année ?

Elle hésita un moment et répondit :

« Je n’ai aucune objection à faire. »

— « Je suis charmé de vous entendre parler ainsi, reprit-il vivement, car mon désir le plus ardent est de vous avoir avec moi ; votre bonheur m’est plus cher que le mien, et si nous étions loin l’un de l’autre, mon ame serait en proie à des craintes continuelles. »

Miss Milner fut attendrie du ton avec lequel il prononça ces mots. Il s’en aperçut, et pour la convaincre, pour la pénétrer encore plus de l’intérêt qu’il prenait à elle, il ajouta avec une nouvelle chaleur :

« Si vous prenez la résolution de ne pas vivre à Londres, pendant le temps dont j’ai parlé, je n’oublierai rien de tout ce qui pourra vous rendre le séjour de la campagne tel que vous pourrez le désirer ; je prierai miss Woodley de nous y accompagner pour vous et pour moi ; et ce ne sera pas seulement moi qui m’étudierai à vous former une société agréable, mais je vous réponds que ce sera aussi le premier soin de lady Elmwood.

Il allait continuer ; mais le coup était porté au cœur de miss Milner.

Il vit qu’elle changeait de couleur.

— Il la regarda fixement.

L’altération de ses traits n’indiquait pas seulement un