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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/161

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précieux, quoiqu’on soit bien décidé à n’en jamais faire usage. — Elle leva la tête et la soutint de sa main en l’appuyant sur la table, mais sans dire un mot, et comme abîmée dans les plus sombres réflexions. Cependant son état devenait moins alarmant, et la pitié, les inquiétudes de son tuteur firent de nouveau place au ressentiment. Quoiqu’il ne le dît pas, il était et il paraissait offensé.

En ce moment parut M. Sandford.

Il n’était pas besoin de toute sa pénétration, pour voir combien chacun était triste et mécontent. Tout autre serait entré, peut-être, dans les dispositions qu’on lisait sur les visages ; mais lui, après avoir considéré successivement tous les acteurs de cette scène, se montra fort gai.

« Vous me semblez affligé, milord ? » dit-il en souriant.

— « Vous semblez ne pas l’être, vous, monsieur Sandford, » répliqua milord Elmwood.

— « Non, milord, et je ne le serais pas davantage, si j’étais à votre place. Qu’est-ce qui doit troubler un homme de sens, si ce n’est un objet qui en soit digne ? » et il jeta les yeux sur miss Milner.

— « Il n’y a point ici d’objets indignes de nos soins. »

— « Il en est du moins, interrompit Sandford, pour qui tous nos soins sont inutiles : vous en conviendrez, milord. »

— « Je n’ai jamais désespéré de personne, M. Sandford. »

— « Et pourtant il y a des personnes de qui, sans trop de présomption, l’on ne peut rien espérer. »

— « Auriez-vous mal à la tête, miss Milner, » lui demanda son amie, voyant qu’elle la tenait appuyée sur sa main ?

— « J’y ai bien mal, » répondit-elle.

— « Monsieur Sandford, dit miss Woodley, auriez-