Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/20

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d’Yorck : le cocher ayant répondu qu’il n’y en avait plus, Élisabeth imagina de faire la même demande et de profiter du refus assuré du conducteur pour obtenir de l’hôtelier une chambre où elle pût passer la nuit, sous prétexte d’attendre la voiture du lendemain.

En la voyant si jeune et si belle, l’hôtesse hésita un instant à la recevoir, ne concevant pas qu’à cet âge on eût un motif légitime de se trouver ainsi seule la nuit dans les rues et courant les diligences. Cependant on lui donna un cabinet.

Le lendemain, miss Simpson feignit une course chez une prétendue parente qu’elle aurait quittée la veille et qu’elle était bien aise de revoir avant son départ. Puis, quant au bout de quelques heures d’absence elle revint à son auberge, elle dit à la maîtresse de la maison que sa parente l’avait tourmentée pour ne pas partir encore et qu’elle y avait consenti.

Elle paya quinze jours d’avance pour le chétif réduit où on l’avait confinée, puis chaque jour elle sortait, non pour aller chez sa parente comme elle le disait, mais bien pour solliciter un engagement auprès des directeurs des théâtres de Londres, dont MM. King et Reddish étaient alors les plus importans.

M. King, cédant à ses instances et à l’aveu qu’il lui fit de sa position à Londres, lui promet un engagement, mais ce fut à M. Reddish qu’elle dut s’adresser pour en obtenir la réalisation. Ce directeur reçut parfaitement la jeune Simpson, lui donna des conseils sur la carrière qu’elle se proposait de suivre, et parut disposé à la servir de la manière la plus désintéressée.

Mais bientôt Elisabeth sut à quoi s’en tenir relativement à la touchante bienveillance de M. Reddish : dans un entretien sérieux qu’elle eut avec lui, le directeur s’exprima si nettement sur ses intentions et ses vues, que la pauvre postulante n’eut rien de mieux à faire que de fuir à la hâte et d’éviter M. Reddish à tout jamais.