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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/201

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d’inquiétude ; elle trembla en voyant la colère se peindre sur son visage.

Sandford tressaillit et le fixa encore plus attentivement. Ensuite il se redressa sur sa chaise, et prit du tabac comme pour faire diversion au mal-aise qu’il éprouvait.

Chacun gardait le silence.

Enfin, au bout de quelques momens : « Tout le monde me paraît triste ici, dit miss Milner, je suis fâchée d’être revenue sitôt. »

Miss Woodley était sur les épines. Elle voyait combien milord était mécontent. Elle craignait qu’il ne prononçât quelques mots dont il ne pourrait plus se dédire, ou que miss Milner ne pourrait pardonner. Pour prévenir ce malheur, elle dit tout bas à miss Milner qu’elle avait quelque chose de particulier à lui apprendre, et elle l’emmena hors de la salle.

Dès que Sandford ne la vit plus, il se leva plus légèrement qu’à l’ordinaire, se frotta les mains, se promena à grands pas dans la chambre, et d’un air content de lui-même il demanda gaîment à milord Elmwood s’il comptait dîner chez lui.

Mais ce qui donnait tant de joie à Sandford, affligeait profondément milord Elmwood ; il ne disait pas un mot, et paraissait abattu. Enfin il répondit d’une voix altérée : « Non, je crois que je ne dînerai point ici. »

— « Où devez-vous dîner, milord ? demanda madame Horton, j’espérais que ce serait avec nous ; miss Milner dîne ici, je crois. »

— « Je n’ai point encore décidé où je dînerai, répliqua-t-il sans paraître faire attention aux derniers mots de madame Horton. »

— « Si c’est à notre auberge ordinaire, je vous accompagnerai, » lui dit officieusement son ami.

— « De tout mon cœur, Sandford, » et ils sortirent tous les deux avant que miss Milner fût rentrée dans la salle.