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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/210

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ne donnassent pas, au premier coup d’œil, l’idée d’une femme aussi modeste que la déesse. Tout en admirant, miss Woodley fit cette observation ; mais comme elle avait admiré d’abord, l’observation n’eut plus aucune force.

« Où est le lord Elmwood ? dit miss Milner, il ne faut pas qu’il me voie. »

— « Non, s’écria miss Woodley, je ne voudrais pas pour le monde entier, qu’il vous vît en ce moment. »

— « Eh bien ! reprit miss Milner en soupirant, pourquoi donc suis-je si enchantée de cet habit ? C’est de milord surtout qu’il me serait doux d’être admirée ; cependant il ne me verra pas sous cette parure. »

— « Il ne vous admirerait pas mise ainsi, » lui répondit miss Woodley.

— « Mais quel moyen trouverai-je d’éviter ses yeux, dit miss Milner ? S’il allait s’offrir à me donner la main jusqu’à ma voiture ? Mais non, — je crois qu’il n’est pas d’assez bonne humeur pour cela. »

Miss Woodley lui conseilla de s’habiller chez une des dames qui devaient l’accompagner au bal, et miss Milner approuva cet expédient.

Pendant le dîner, elle apprit que milord Elmwood devait aller, le soir même, à Windsor, afin d’être plus à portée de chasser, le lendemain matin, avec le roi. Cette nouvelle dissipa ses craintes, et elle en revint à l’idée de s’habiller dans sa chambre.

Milord Elmwood, qui était à table avec elle, lui parut, non pas gai, mais très calme. Il ne dit pas un seul mot du bal, et même il n’y songeait plus ; car, quoiqu’à ce sujet il eût été mécontent de sa pupille, et qu’il crût qu’elle n’aurait pas dû lui répondre qu’elle irait certainement, cependant il était loin de penser qu’elle en eût eu réellement la volonté, même au moment où elle lui faisait cette réponse,