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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/218

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et l’entretien entre milord Elmwood et Sandford en était devenu plus sérieux et plus défavorable encore à la pauvre miss Milner.

Pendant ce temps, elle était à ce bal, où elle avait cru que le plaisir l’attendait, et tout le plaisir qu’elle y trouva fut de se bien promettre de ne plus retourner de sa vie à un bal masqué. La foule et le bruit la fatiguaient. La liberté des propos offensait sa délicatesse ; quoiqu’il lui fût aisé de voir quelle était le premier objet de l’admiration générale, elle sentait, au milieu de tant de monde, qu’il manquait une personne pour l’admirer, et le remords de lui avoir désobéi pour si peu de plaisir la poursuivait sans cesse et ajoutait à ses ennuis. Elle serait même revenue chez elle beaucoup plus tôt si elle n’avait craint de quitter trop brusquement les dames qui l’avaient accompagnée, et qui ne se décidèrent à en sortir qu’à près de quatre heures et demie.

Le point du jour commençait à éclairer la chambre où milord Elmwood était avec Sandford, quand le bruit d’une voiture et un coup à la porte firent tressaillir milord sur sa chaise. Il devint pâle et trembla de tout son corps. Sandford était honteux de paraître s’en apercevoir, mais il ne put s’en empêcher, et il le força de boire un verre de vin : Milord, pour la première fois, se sentait assez faible pour avoir besoin d’un pareil secours.

Quel était le sentiment qui l’agitait ainsi, c’est ce qu’il ne serait pas facile de définir. Était-ce l’indignation de la conduite de miss Milner, et une satisfaction intérieure de se voir au moment de prendre sa revanche ? était-ce un mouvement de joie de ce qu’il n’avait plus rien à craindre pour elle, ou bien un serrement de cœur de la nécessité où il était de lui faire des reproches ? — Ce n’était peut-être pas un seul de ces sentimens, mais tous ces sentimens réunis et combinés ensemble.