Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/219

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Pour elle, excédée des fatigans plaisirs de la nuit, et plus disposée à la tristesse qu’à la joie, elle s’était endormie pendant le chemin, et elle dormait encore à moitié en descendant de voiture. « Passons chez moi tout de suite, dit-elle à sa femme de chambre, qui était restée dans la salle à l’attendre. » Mais un des gens de milord Elmwood accourut aussitôt et lui dit : « Madame, mon maître désire vous voir avant que vous entriez chez vous. »

— « Votre maître, s’écria-t-elle, n’est-il pas hors de Londres ? »

— « Non, madame, milord est revenu comme vous ne faisiez que de sortir, et il est resté en bas avec M. Sandford pour attendre votre retour. »

Ces mots eurent le pouvoir de l’éveiller. Ses yeux s’ouvrirent, mais la crainte, le chagrin et la honte s’emparèrent de son cœur ; elle s’appuya sur sa femme de chambre, comme ne pouvant supporter tous les mouvemens qui l’agitaient, et elle dit à miss Woodley :

« Faites mes excuses. Je ne puis le voir à présent. Ce n’est pas le moment. En vérité, je ne puis. »

Miss Woodley frémit de l’idée d’aller le trouver elle-même, au risque de l’irriter davantage. — « C’est à vous, lui dit-elle, qu’il veut parler ; pour l’amour de Dieu, ne lui désobéissez pas une seconde fois. »

— « Non, chère madame, n’y allez pas, lui dit sa femme de chambre ; il est comme un lion, il m’a déjà fort maltraitée. »

— « Bon dieu ! s’écria miss Milner, et d’un ton qui semblait prophétique, il n’est pas dit qu’il doive être mon mari, après tout ! »

— « Ah ! dit miss Woodley, veuillez seulement paraître soumise et repentante. Vous connaissez votre pouvoir sur lui, tout peut encore prendre un tour favorable. »