Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/226

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singulière à empêcher celui-ci de rester long-temps avec elle, Elle en conclut que, puisque son ami montrait tant de craintes de le voir reprendre ses premières chaînes, elle avait, à son tour, lieu d’espérer qu’il les reprendrait.

Mais la réserve et même l’indifférence qu’elle affectait depuis quelques jours, et qui auraient pu la conduire à son but, devinrent un rôle si fatigant pour elle, qu’elle ne put y persévérer, sans appeler la dissipation à son secours, Elle ne cessait de sortir, de faire des visites sans dire où et avec qui ; elle rentrait encore plus tard que de coutume. — Elle paraissait très gaie, chantait, riait et ne soupirait jamais — que quand elle était seule.

Milord Elmwood différait encore de prendre sa dernière résolution, bien déterminé à la tenir dès qu’une fois il l’aurait prise.

Pour miss Woodley, elle était vivement alarmée, et ce n’était pas sans sujet ; elle voyait que son amie se préparait tant de chagrins, qu’elle finirait par en être accablée. Souvent elle voulait lui faire de nouvelles représentations ; puis elle renonçait à ce dessein, ne sachant que trop qu’elle ne serait point écoutée. Elle voulait aussi parler à milord Elmwood, et, à l’insu de sa pupille, plaider en sa faveur ; mais milord, qui avait pénétré son intention, l’évitait avec soin et d’une manière marquée. Restait M. Sandford, avec qui elle aurait pu parler de miss Milner, si elle n’eût trouvé encore plus dur d’entendre exagérer les torts de son amie que de n’en point parler du tout. Elle se trouva donc réduite au rôle muet de spectatrice, et forcée d’attendre en tremblant le moment où celle qui méprisait aujourd’hui ses conseils viendrait près d’elle chercher, mais trop tard, un soulagement à ses peines.

Cependant quelques mots de M. Sandford avaient donné à miss Woodley une lueur d’espérance ; un jour qu’il l’en-