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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/225

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— « Pourtant, miss Milner, avec quel ravissement n’avez-vous pas reçu la déclaration de son amour ? et alors il était milord Elmwood. »

— « Mais sous ce nom, je n’ai trouvé en lui qu’un tyran ; sous le premier, c’était l’ami le plus tendre. »

Quoique miss Milner se permît souvent d’épancher ainsi ses chagrins dans le sein de son amie, devant milord Elmwood elle gardait constamment un maintien si fier qu’il en était surpris lui-même, quoiqu’il fût celui peut-être qui avait toujours cru le moins à son amour pour lui ; mais comme elle craignait, au contraire, de lui avoir trop laissé voir toute la force de ses sentimens, elle voulut adopter une méthode différente. Elle chercha à reprendre ce caractère de hauteur qui lui avait si souvent réussi auprès de ses amans, et elle en fit l’essai sur le seul homme qui, de son aveu même, l’avait rendue sensible ; mais tout en affectant ce caractère si parfaitement, que miss Woodley s’y trompa plus d’une fois, elle recueillait, avec une attention inquiète, toutes les circonstances les plus légères qui pouvaient ranimer ses espérances ou confirmer son désespoir. Malheureusement la conduite de milord Elmwood n’était propre qu’à la désespérer. Il se montrait, à son égard, froid, poli et indifférent ; mais ce qu’il était pour lors ne pouvait faire oublier à miss Milner ce qu’elle l’avait vu auparavant. Elle se rappelait avec délices toute l’ardeur de sa première déclaration, et toutes les marques que, depuis, il lui avait données de son amour. Ce qui l’empêchait aussi de renoncer à tout espoir, c’est qu’elle connaissait la constance de milord dans tous ses sentimens, et qu’ainsi ceux qu’elle lui avait inspirés ne pouvaient être déjà entièrement arrachés de son cœur ; c’est qu’elle remarquait aussi dans M. Sandford plus d’empressement que jamais à la rabaisser aux yeux de milord, et une attention