Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/228

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Au moment où milord Elmwood tressaillit, c’est-à-dire au moment où il entra dans la salle, milord Frédéric se leva.

« Je vous demande pardon, milord, dit milord Elmwood, je vous assure que d’abord je ne vous ai pas reconnu. »

— « C’est à moi, milord, à vous demander pardon, répondit Frédéric, pour être entré chez vous sans votre aveu. C’est un accident qui en a été la cause. Miss Milner était dans la voiture d’une dame de ses amies, elle a failli être versée par la maladresse du cocher, et elle a bien voulu me permettre de la ramener dans la mienne. »

— « J’espère que vous n’êtes pas blessée, dit milord Elmwood à miss Milner » ; mais sa voix était si altérée par le trouble de son cœur, qu’à peine il put articuler ce peu de mots, et ce trouble ne venait pas de la crainte que sa pupille fût blessée ; l’air de gaîté répandu sur son visage eût suffi pour le rassurer, et, à dire vrai, il ne croyait pas un mot du récit qu’on lui faisait ; c’était la présence inattendue de milord qui l’avait mis hors de lui ; et dans ce moment il lui fut impossible de dissimuler sa surprise et la force du coup qu’il venait de recevoir.

Milord Frédéric, qui ne savait rien de leur futur mariage, car on en avait fait un secret même à tous les domestiques de la maison, n’attribua un désordre aussi visible qu’au ressentiment que depuis leur combat le tuteur pouvait conserver contre lui ; quoique milord eût protesté à l’oncle de Frédéric, qui l’était venu voir au sujet de miss Milner, qu’il ne gardait aucun souvenir de ce qui s’était passé entre son neveu et lui, et qu’il consentirait à son mariage avec miss Milner, si elle y consentait elle-même, milord Frédéric n’avait jamais cru à la sincérité de cette déclaration, et il aurait toujours eu la délicatesse de ne pas entrer chez milord Elmwood s’il n’avait été encouragé par