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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/229

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l’invitation de miss Milner, et surtout par son amour pour elle. Il ne vit donc, comme je l’ai dit, dans l’émotion de milord Elmwood, qu’une preuve de son ressentiment, tandis que miss Milner et miss Woodley l’attribuaient à une cause bien différente.

Milord Frédéric n’eut aucune envie de se rasseoir, il salua profondément la compagnie et il sortit ; mais miss Milner l’accompagna jusqu’à la porte, et lui renouvela ses remercîmens du secours qu’il lui avait donné.

Milord Elmwood était dans une violente agitation, et ce qui l’augmentait encore, c’était de ne pouvoir la cacher. Il tremblait de tout son corps. Il voulut parler, et ne put que bégayer ; il en rougit davantage, et toujours plus confus, il finit par être dans un état digne de pitié.

Miss Milner, malgré tout l’enjouement qu’elle affectait et malgré toute sa hardiesse naturelle, n’eut pourtant pas le front de paraître s’apercevoir de son trouble ; elle n’osait en jouir qu’à la dérobée. Fort à propos pour milord, madame Horton et miss Woodley entamèrent quelques lieux communs, et il se remit, mais peu à peu et lentement, car l’impression qu’il avait reçue était trop profonde pour s’effacer aisément. Fort à propos encore, M. Sandford entra ; comme il ne savait rien de ce qui s’était passé, sa présence fit une diversion utile. Il adressa la parole à milord, et ils passèrent bientôt dans le cabinet d’étude pour y continuer leur entretien. Miss Milner, prenant son amie avec elle, se retira aussi dans sa chambre, et là, se livrant à tous ses transports :

« Il est à moi, s’écria-t-elle, il m’aime ; il est à moi pour jamais ! »

Miss Woodley la félicita du bonheur qu’elle avait de n’en pas douter : pour elle, elle avoua qu’il lui restait encore des craintes.