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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/243

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elle le coup de la mort. Elle était près de s’évanouir, si, par bonheur, en ce moment l’on n’eût apporté un verre d’eau à Sandford. Elle le prit des mains du domestique, et le but presque en entier. En rendant le verre, elle commença quelques mots d’excuse pour Sandford, mais celui-ci l’interrompant, lui dit d’un ton très civil :

« Pas d’excuse. — Je suis charmé que vous l’ayez pris. »

Elle le regarda pour voir si sa politesse n’était qu’une ironie ; mais avant de s’en être assurée, elle oublia Sandford, et l’idée de milord Elmwood vint de nouveau s’emparer de toute son attention.

Le temps lui parut bien long jusqu’au moment de son retour ; mais quand elle songeait combien serait court, depuis ce moment, le reste de la soirée, elle aurait voulu que milord ne revînt de long-temps ; à dix heures il rentra ; bientôt après on se mit à table, en famille, et sans aucun étranger.

Miss Milner avait considéré que si le rôle qu’elle avait joué jusqu’alors lui coûtait beaucoup, du moins elle n’avait plus que quelques heures à souffrir, et elle se prescrivit à elle-même de ne point se démentir lorsqu’elle approchait du terme. La certitude que tout finirait bientôt d’une manière ou d’une autre l’encouragea à redoubler d’efforts, et rien n’était plus nécessaire, car sa faiblesse augmentait aussi. Elle prit donc sur elle-même d’écouter ce que l’on disait, d’y répondre, d’y sourire même quand on souriait, et sa tranquillité parut aussi naturelle que celle des autres convives.

Il était plus de minuit quand milord Elmwood regarda à sa montre ; il se leva aussitôt, s’approcha de madame Horton, et lui prenant la main, — « jusqu’au revoir, madame, lui dit-il, je souhaite bien sincèrement que vous soyez heureuse. »