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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/270

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l’en empêche, ses bras retombent sans mouvement. Sa fille voit ces efforts inutiles, et son cœur en est déchiré ; elle couvre sa mère de baisers ; elle la presse contre son sein, elle s’attache à son cou, comme cherchant à ne point se séparer d’elle.

De l’autre côté du lit est Sandford. — L’âge a blanchi ses cheveux et ridé son visage. — Son cœur est resté le même : toujours le censeur et l’ennemi de l’orgueilleux et du pervers, il est l’ami et le consolateur du coupable qui se repent. Son visage, qui s’est tant de fois armé des traits de l’ironie et du reproche pour alarmer et menacer le pécheur, ne respire plus que l’affection et la charité la plus tendre, dès qu’il s’agit de le consoler à son lit de mort ; la pitié a changé son langage, et adouci jusqu’au son de sa voix.

« Au nom de Dieu, dit-il à milady Elmwood, de ce Dieu qui a souffert pour vous, et qui, en souffrant, a connu et a plaint toutes nos faiblesses — au nom de celui qui a promis d’avoir pitié des larmes du pécheur, je vous ordonne d’espérer votre pardon. — Par cette innocence où vous avez long-temps vécu, calmez vos craintes et vos remords ; — par les chagrins que vous éprouvez depuis votre chute, croyez l’avoir en quelque sorte expiée. — Par cette aimable candeur que je voyais sur votre visage, au moment où je joignis vos mains, — par toutes les vertus dont vous avez si souvent donné des preuves, comptez que vous n’étiez pas née pour mourir de la mort des méchans. »

À ces mots si consolans, la tremblante main de milady saisit celle de Sandford. — Ses yeux mourans brillèrent d’un rayon de joie. Mais sa faible voix ne put articuler une seule parole ; fixant enfin ses regards sur sa fille, le dernier objet de ses vœux, elle parvint à prononcer ces deux mots. — « Son père. »