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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/272

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CHAPITRE II.


La nature et plus encore l’éducation avaient donné à milord Elmwood un caractère sérieux, tourné à la réflexion et à la philosophie. Ses études théologiques lui avaient appris à ne considérer ce monde que comme un passage à un autre, à jouir avec reconnaissance des biens que le ciel lui envoyait dans sa bonté, et à supporter, sans murmure, les coups dont il le frappait dans sa vengeance ; et ces règles de conduite, il s’était constamment appliqué à les mettre en pratique ; aussi, après les premiers transports de son indignation contre milady Elmwood, le calme et la résignation étaient rentrés dans son cœur ; mais ce cœur était trop sensible pour oublier jamais le bonheur qu’il avait perdu ; et plus le souvenir en était déchirant et fatal à son repos, plus il croyait devoir, par tous les moyens possibles, l’éloigner de sa pensée. Tel est le motif qu’il donna lui-même de la défense qu’il fit aux domestiques qui l’approchaient, et même à ses amis, de jamais prononcer devant lui le nom de lady Elmwood et celui de sa fille ; défense qui parut à bien des gens venir plutôt d’un cœur irrité que d’un cœur trop sensible ; et lui-même ne disconvenait pas que dans cette occasion, le ressentiment ne prêtât de nouvelles forces à la prudence ; car il appelait prudence les soins qu’il prenait pour effacer de sa mémoire l’image des jours heureux qui ne pouvaient plus revenir, celle de l’outrage qu’il avait reçu, et dont la seule pensée renouvelait ses fureurs. Il appelait prudence de ne plus désormais ouvrir son cœur à des sentimens trop