Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/273

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tendres, tels que ceux de la nature dont un jour, peut-être, il se verrait encore la victime, par l’ingratitude de l’objet même qui aurait hérité de tout son amour.

Il prit donc la ferme résolution de ne jamais reconnaître lady Mathilde pour sa fille, ou du moins de ne jamais la voir, de ne jamais entendre parler d’elle, de ne s’occuper ni de sa fortune ni de sa destinée. S’il avait pu se repentir d’avoir plus d’une fois et solennellement déclaré cette résolution, la mort de milady Elmwood était le moment convenable de la rétracter. Mathilde, en perdant sa mère, avait, perdu son unique appui ; il était au moins du devoir de milord de lui choisir un tuteur, s’il ne voulait pas lui-même en remplir auprès d’elle les fonctions, — Mais lui parler de la mère ou de la fille, c’eût été un crime ; — il en avait, dans les termes les plus positifs, réitéré la défense à ses amis, à ses vassaux , à tous ses gens ; et comme il avait toujours été d’ailleurs un excellent maître, un ami sincère, un seigneur généreux, personne ne voulait s’exposer à sa colère, dont les effets étaient toujours extrêmes. Aucun n’osait donc prendre Sur lui de l’instruire de la mort de milady Elmwood.

Sandford lui-même, malgré son âge, intimidé par le ton sévère que, depuis quelques années, il remarquait dans milord Elmwood, Sandford aurait désiré qu’un autre que lui se chargeât de la dangereuse commission de rappeller à milord que jadis une femme avait été la sienne. Il conseilla à miss Woodley de lui écrire à ce sujet ; mais miss Woodley lui démontra que si cette démarche pouvait être funeste à quelqu’un , ce serait surtout à elle, qui n’avait de secours à attendre que de la bienfaisance de milord Elmwood. Depuis la mort de madame Horton, elle avait dû son existence à milady ; et privée aujourd’hui de cette amie généreuse, elle restait entièrement à la merci de