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CHAPITRE VII.


Dorriforth, avec les ménagemens les plus convenables, fit entendre à sir Edward que la jeune miss refusait ses propositions. Mais, loin de se décourager, sir Edward n’en devint que plus assidu, et ses visites chez madame Horton furent si fréquentes, qu’elles excitèrent la jalousie de Frédéric, et livrèrent ce cœur volage à des peines plus que suffisantes pour l’assurer de la violence et de la sincérité de sa passion. Toutes les fois qu’il en voyait l’aimable objet (car il venait toujours chez miss Milner, quoique moins souvent à la vérité), il peignait son amour avec tant d’ardeur, que miss Woodley, qui était présente quelquefois, et toujours, comme on sait, bonne et sensible, ne put s’empêcher de désirer qu’il réussît. Milord parla de mariage, il s’expliqua dans les termes les plus clairs, et il demandait qu’il lui fût permis de solliciter l’aveu de M. Dorriforth, mais c’est à quoi miss Milner ne voulut jamais consentir.

« D’où vient ce refus, se disait-il à lui-même ? est-ce du peu d’impression que j’ai fait sur elle ? Non, sans doute, je ne puis l’attribuer qu’à la crainte où elle est que mes propositions n’affligent son tuteur, dont elle connaît la partialité pour sir Edward. »

D’après ces réflexions, Frédéric n’en conçut que plus de haine contre Dorriforth, et il commença de craindre que, malgré tout le goût qu’il se flattait d’avoir inspiré à miss Milner, le tuteur ne parvînt à traverser et à déjouer