Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/65

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Une réponse fort gaie, faite par sa pupille à une question de miss Woodley, vint encore augmenter son embarras. Il aurait préféré de la voir chagrine et fâchée ; c’eût été, du moins, un prétexte pour lui de le paraître à son tour.

Au milieu de toutes ces idées qui se croisaient rapidement dans son esprit, il continuait, ou plutôt feignait de lire, comme peu occupé de ce qui se passait, lorsqu’un des gens de miss Milner vint lui demander à quelle heure elle voulait sa voiture ? elle répondit : « Je ne sortirai point de toute la soirée. »

Aussitôt Dorriforth quitta son livre, et dès que le domestique se fut retiré :

« Miss Milner, lui dit-il, je vous ai donné une preuve de mon attachement qui, je le crains bien, n’aura pu vous plaire. Telle est souvent la pénible tâche d’un véritable ami, il faut qu’il s’expose à devenir importun ; pardonnez-moi d’avoir rempli le devoir qui m’est imposé auprès de vous ; mais croyez que, quand ce devoir m’ordonne de vous priver de ce qui vous est agréable, je suis moi-même celui qui en souffre le plus. »

Cette apologie de sa conduite fut prononcée d’un ton si touchant et si vrai, que miss Milner, eût-elle été même très offensée, n’aurait pu qu’oublier sa colère ; elle voulut répondre, elle commença quelques mots, mais ce fut en vain, ses larmes ne lui permirent pas d’achever.

Alors son tuteur se lève, et s’approchant d’elle : « J’exige à présent, lui dit-il, une nouvelle preuve de votre obéissance. Habillez-vous, rendez-vous au bal où vous êtes attendue, et soyez sûre que désormais je serai moins prompt à vous faire connaître mes désirs, puisque vous-même vous êtes si prompte à vous y conformer. »