Aller au contenu

Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mouvement du livre, l’agitation de M. Dorriforth ; il ne douta point que miss Milner ne fût occupée à s’habiller pour le bal, et il ne songea plus qu’aux moyens qu’il avait à prendre pour prévenir sa désobéissance, ou pour l’en punir. Il toussa, prit une tasse, voulut se lever, mais il fut obligé de se rasseoir ; enfin il rouvrit son livre à la première page ; c’est ainsi que le temps s’écoula, et au bout de deux heures miss Milner entra dans la salle. Rien dans sa toilette qui annonçât des projets de bal. Elle était habillée précisément comme à l’heure du dîner. Dorriforth continua de lire sans lever les yeux sur elle, il craignait trop de voir ce qu’il n’aurait pu pardonner. Pour miss Milner, elle prit une chaise et s’assit près de la table, à côté de son amie, dont le cœur était au comble de la joie.

Madame Horton s’était peu attendue à tant de résignation ; il lui fallut quelque temps pour se remettre de sa surprise ; et enfin elle lui demanda si, maintenant, elle voulait une tasse de thé.

« Non, Madame, je vous remercie, » répondit-elle d’une voix si languissante (du moins en la comparant à sa vivacité ordinaire), que Dorriforth leva les yeux, et voyant qu’elle n’avait rien changé à son habillement, il les baissa de nouveau sur son livre, plus confus, plus honteux que charmé de la victoire qu’il remportait.

Assurément la vue de miss Milner parée et disposée à lui désobéir lui eût fait beaucoup de peine, mais cent fois moins qu’il n’en éprouvait en ce moment. Il se regarda comme le seul qui méritât des reproches. Il craignait de l’avoir traitée avec trop de sévérité ; il admirait le sacrifice qu’elle venait de lui faire, il s’accusait lui-même de l’avoir exigé, il voulait lui en demander excuse, et il ne savait comment s’y prendre.