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CHAPITRE VIII.


Avec tant de mérite, Dorriforth n’était point parfait. Il avait une opiniâtreté naturelle que ses amis et lui-même appelaient force de caractère, et qui trop souvent, sans le secours de la religion et sans la bonté de son cœur, aurait rendu ses ressentimens implacables, lorsqu’il se croyait offensé.

Une sœur qu’il avait beaucoup aimée s’était mariée, malgré lui, à un jeune officier, et avait laissé, en mourant, un enfant âgé de trois ans qui ne pouvait espérer de secours que de la générosité de son oncle. Dorriforth en prit soin, mais il ne voulut jamais le voir.

Miss Milner, dont le cœur était ouvert à tous les infortunés, n’eut pas plutôt appris la triste histoire de madame Rhusbroock, mère de cet enfant, qu’elle voulut voir l’innocent objet de la colère de son tuteur.

Elle se rendit donc avec miss Woodley à deux milles de Londres, dans une ferme où on l’élevait ; la beauté de l’enfant, ses manières engageantes achevèrent de l’intéresser en sa faveur. Elle le regarda avec autant d’admiration que de pitié ; et l’enfant, sensible à ses caresses, au moment où elle lui disait adieu, la conjura d’un ton si touchant de l’emmener avec elle, que miss Milner, qui n’avait jamais su résister à un premier mouvement, soit qu’il fût louable ou répréhensible, se rendit à ses instances, détruisit les objec-