Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/68

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tions de miss Woodley, et résolut de prendre avec elle le petit Rhusbroock et de le présenter à son oncle.

Un présent qu’elle fit à la bonne femme l’engagea aisément à lui confier cet enfant pour deux ou trois jours, et la joie qu’il faisait éclater quand on le mit dans la voiture, paya d’avance miss Milner de tous les reproches qu’elle pouvait recevoir de son tuteur.

« D’ailleurs, disait-elle à miss Woodley, qui n’était pas encore sans inquiétude, ne devez-vous pas désirer que son oncle s’attache à lui par des liens plus tendres que ceux du devoir ? C’est le devoir seul qui engage M. Dorriforth à prendre soin de son neveu, et ne serait-il pas bien que dans ses soins, la tendresse entrât pour quelque chose ? N’est-ce pas à présent que cet infortuné est le plus fait pour exciter l’amour et la compassion ? »

Miss Woodley n’eut rien à répondre ; mais avant que d’arriver au logis, miss Milner commença à réfléchir sur ce qu’elle avait fait, et à se rappeler, non sans crainte, combien son tuteur était sévère, quand il croyait avoir droit de se plaindre. Son amie se le rappelait encore bien mieux et tremblait bien davantage : en entrant dans la rue où elles demeuraient, elles gardèrent toutes deux le silence, l’une n’osant reparler de ses inquiétudes, depuis qu’on lui avait prouvé qu’elle ne devait plus en avoir, et l’autre n’osant avouer qu’elle commençait à se défier des raisons victorieuses qu’elle avait données ; seulement, lorsque la voiture s’arrêta devant la porte, miss Milner s’humilia jusqu’à dire à miss Woodley :

— « Laissons ignorer à M. Dorriforth que cet enfant est son neveu, à moins qu’il ne paraisse se plaire à ses caresses ; alors nous pourrons tout avouer sans courir aucun risque. »