Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/69

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Miss Woodley fut du même avis ; dès que M. Dorriforth entra, on lui présenta le pauvre Harry Rhusbroock comme le fils d’une dame qui venait chez mistriss Horton. L’oncle le crut, il prit les mains de son neveu, joua avec lui, et charmé de ses manières et de la justesse de ses réparties, il le prit sur ses genoux, l’embrassa plusieurs fois. Miss Milner pouvait à peine contenir sa joie, lorsque, par malheur, Dorriforth s’avisa de dire à l’enfant :

« À présent, mon ami, apprends-moi comment l’on t’appelle. »

— « Harry Rhusbroock, » répondit celui-ci d’une voix claire et distincte.

Dorriforth avait les bras passés autour de l’enfant, qu’il tenait debout sur ses genoux. À ce nom fatal, il ne repoussa pas Rhusbroock loin de lui, mais il retira ses bras avec un mouvement si brusque, que pour ne pas tomber sur le parquet, l’enfant se jeta au cou de son oncle. Miss Milner et son amie se détournèrent pour cacher leurs larmes.

« Oh ! j’ai bien manqué de tomber, » s’écria le petit Harry, croyant n’avoir eu que cela à craindre ; mais son oncle se dégagea des deux petites mains qui le pressaient, et mit l’enfant à terre, sans donner aucune autre marque de son ressentiment, que de demander son chapeau, et de sortir sur-le-champ, quoique le dîné fût servi.

Miss Milner était indignée, mais elle n’en montra pas moins de tendresse au malheureux Rhusbroock ; elle le prit à table entre ses bras, et lui répétait souvent (quoique l’enfant ne pût la comprendre), qu’il aurait toujours en elle une bonne amie.

Dès que sa colère contre M. Dorriforth fut un peu calmée, elle reprit avec l’enfant le chemin de la ferme : nouvel acte d’obéissance qu’il tardait à miss Woodley de faire connaî-