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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/71

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CHAPITRE IX.


Rien ne mortifie plus un esprit fier, que d’être, sans cesse, comparé à son désavantage ; pour une femme, surtout, c’est un supplice, et miss Milner l’éprouvait en ce moment.

Son tuteur lui fit faire connaissance avec miss Fenton, jeune personne de son âge, qui joignait à une beauté parfaite, des manières très nobles, un caractère extrêmement doux, et une conduite irréprochable. M. Dorriforth semblait la lui présenter comme un modèle à suivre ; car s’il ne le disait pas expressément, il le faisait entendre par la chaleur avec laquelle il louait dans miss Fenton celles de ses vertus qui manquaient évidemment à sa pupille. Miss Milner sentait son infériorité, du moins dans tout ce qui servait de texte aux louanges de son tuteur, et son cœur s’ouvrit à des sentimens, non pas d’émulation, mais de jalousie.

Il était impossible de ne pas admirer miss Fenton ; il n’y avait pas moyen de trouver des défauts dans sa figure, ni dans son caractère ; mais se prendre d’amour pour elle, c’est ce qui n’était pas plus facile.

Le calme continuel de son ame répandait sur son visage une tranquillité monotone, qui enchantait au premier coup d’œil et fatiguait au second. Elle eût gagné à paraître quelquefois enflammée de colère, enivrée de joie, ou plongée dans l’abattement ; mais son âme était supérieure à ces