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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/86

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elle se rappela aussitôt sa conduite au château d’Elmwood ; elle pressentit que son tuteur allait lui faire des reprocher, et sa conscience lui disait qu’elle n’en avait jamais reçu de lui qui ne fussent bien mérités.

À ce moment, miss Woodley entra chez elle, et tel était l’effroi de miss Milner, que celle-ci la pria de vouloir bien l’accompagner chez son tuteur, et lui fournir deux ou trois mots dans l’occasion, pour l’aider à se justifier.

« Comment donc, ma chère, répondit miss Woodley ; il n’y a pas trois heures que vous n’avez eu besoin de personne pour tenir tête à tant de gens, dont quelques-uns même étaient vos ennemis déclarés, et il vous faut un second vis-à-vis de votre tuteur, qui vous a toujours traitée avec tant de douceur ? »

— « Et c’est cette douceur qui m’effraie d’avance et qui ne me permettra pas de parler. Puis-je répondre par d’impertinentes plaisanteries aux reproches polis et tendres de M. Dorriforth ? et, si je n’ai point cette ressource, quel sera mon rôle, sinon de me tenir devant lui comme une créature coupable et faisant l’humble aveu de ses fautes. »

Elle pria donc de nouveau son amie de venir avec elle ; mais, sur le refus de miss Woodley, qui crut que cette démarche serait déplacée, elle fut enfin obligée d’y aller seule.

Combien la différence des objets dont on est environné peut changer, non-seulement les manières, mais j’oserais presque dire la figure de certaines personnes ! Miss Milner, au château d’Elmwood, entourée de gens qui l’écoutent et qui l’admirent (car ses ennemis mêmes ne pouvaient la regarder sans admiration), miss Milner, brillante et applaudie, ne ressemble point du tout à celle que nous voyons en ce moment, privée de l’éclat que lui prêtait la faveur d’un