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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/90

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CHAPITRE XII.


Sir Edward Ashton, sans être invité par miss Milner, se permettait souvent d’aller chez elle ; quelquefois il accompagnait milord Elmwood ; d’autres fois il venait pour rendre visite à M. Dorriforth, qui ne manquait presque jamais de le présenter aux dames. Mais sir Edward était si éloigné de vouloir causer la moindre peine à l’objet de son amour, et si intimidé par son air sévère, que rarement il lui adressait un seul mot, hors les complimens d’usage en entrant et en sortant. Cette crainte d’offenser, sans aucune espérance de plaire, jetait une teinte de ridicule sur les manières du respectable baronnet. Il y avait quelque chose de si bizarre dans le moyen qu’il prenait pour arriver au cœur de miss Milner, je veux dire dans cette attention continuelle à ne lui parler, à ne la regarder jamais, de crainte de lui déplaire, qu’elle-même ne pouvait quelquefois s’empêcher d’en sourire, quoique plus souvent encore le nom seul de sir Edward fût capable de l’attrister. Elle le regardait comme la cause de la précipitation avec laquelle on exigeait qu’elle déclarât son choix, avant d’avoir eu le temps de consulter son cœur ; d’ailleurs l’amour que sir Edward avait pour elle l’importunait d’autant plus, qu’elle ne pouvait en tirer vanité ; tandis qu’au contraire, les hommages de milord Frédéric faisaient le plus grand honneur à ses charmes.