Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/91

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Celui-ci venait d’arriver, et s’était présenté chez miss Milner. M. Dorriforth aperçut de loin sa voiture, comme elle entrait dans l’avenue, et il ordonna aux gens de dire que leur maîtresse n’y était pas, mais que M. Dorriforth y était. Lord Frédéric laissa son nom et partit.

Les dames avaient aussi reconnu son équipage et sa livrée. Miss Milner court à sa glace, ajuste sa coiffure : chacun de ses traits exprimait l’impatience et l’agitation ; mais en vain ses yeux étaient fixés sur la porte de son appartement, — lord Frédéric ne parut point.

Enfin, après quelques minutes d’attente, la porte s’ouvre et elle voit entrer son tuteur. Ce n’était pas lui qu’elle attendait ; il s’en aperçut aisément, et son maintien et ses regards en devinrent plus sérieux. Elle se rappela aussitôt l’assurance que lui avait donnée M. Dorriforth de ne point souffrir que sa liaison avec Frédéric continuât comme auparavant ; également chagrine et confuse, elle ne savait quelle contenance prendre devant lui.

Quoique les dames fussent présentes, Dorriforth lui dit, sans le moindre ménagement : « Peut-être, miss Milner, m’accusez-vous d’en avoir agi trop librement, en défendant votre porte à milord Frédéric, mais tant que je n’aurai pas eu un entretien particulier avec lui, ou que vous n’aurez pas vous-même déclaré vos vrais sentimens pour Milord, je crois qu’il est de mon devoir de mettre fin à ses visites. »

— « Je sais, M. Dorriforth, que vous remplirez toujours votre devoir, soit que j’y consente ou non. »

— « Mais je le remplirais avec bien plus de plaisir, si j’étais sûr de ne point contrarier vos inclinations. »

— « Ou je ne serai pas maîtresse de mes inclinations, ou elles seront parfaitement conformes aux vôtres. »