— « En ce moment ! présumez-vous donc que vous pourrez changer de sentiment ? »
— « Les femmes en changent quelquefois. »
— « Mais avant que ce changement ait pu se faire, vous aurez cessé de voir milord Frédéric, car tel est le second point sur lequel je dois insister ; vous n’avez aucune raison pour recevoir ses visites. »
— « J’aimerais mieux qu’il pût les continuer. »
— « Et pourquoi ? s’écria Dorriforth. »
— « Parce qu’il m’amuse. »
— « Ô honte ! ô honte ! répliqua-t-il, ce serait compromettre votre réputation et votre repos ; cependant il en est temps encore, ne souffrez pas que je l’éloigne de vous, si vous ne pouvez renoncer à lui qu’au prix de votre bonheur. »
— « Non, répondit-elle, milord Frédéric peut contribuer à mon amusement, mais il ne peut jamais faire mon bonheur. »
— « Miss Woodley, demanda M. Dorriforth, donnez-vous aux paroles de votre amie le sens littéral et positif que je leur donne moi-même ? »
— « Oui, monsieur, assurément. »
— « Et de grâce, miss Woodley, sont-ce là les sentimens que vous supposiez à votre amie ? »
Miss Woodley hésita.
Il continua. — « Ou bien cet entretien vous a-t-il fait changer d’opinion ? »
Elle hésita encore ; enfin elle répondit :
« Cet entretien m’a fait changer d’opinion. »
— « Et vous n’avez plus aucun doute ? » s’écria Sandford, la regardant avec mépris.