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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/99

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CHAPITRE XIII.


Malgré la facilité apparente avec laquelle miss Milner avait renoncé pour jamais à milord Frédéric, elle parut en chemin avoir beaucoup perdu de sa gaîté ordinaire ; elle était rêveuse, une fois même elle soupira profondément.

Dorriforth commença de craindre qu’elle n’eût sacrifié son amour et manqué à la vérité ; mais par quel motif ? il ne pouvait le comprendre.

Comme on entrait dans un chemin étroit et difficile, où la voiture ne marchait que lentement, miss Milner avança, par hasard, la tête hors de la portière, et ses yeux s’animèrent tout à coup ; au même instant, on vit paraître milord Frédéric à cheval ; il s’approcha de la portière, et le cocher s’arrêta.

« Miss Milner, s’écria milord (avec un accent qui ne pouvait venir que du cœur) ; oh ! combien je suis heureux de vous voir, quoique le hasard seul me procure ce bonheur ! »

On vit bien que miss Milner était enchantée de cette rencontre ; mais la vivacité avec laquelle milord s’exprimait l’avertit de se tenir elle-même sur ses gardes, et elle répondit d’un air froid et contraint, qu’elle était charmée de voir milord.

Ce ton de réserve fit soupçonner à Frédéric quel homme était avec elle, et rencontrant dans la voiture l’œil sévère