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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/100

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de Dorriforth, il détourna brusquement la tête, sans daigner le saluer. Miss Milner en rougit ; miss Woodley était sur les épines ; Dorriforth, seul, parut insensible à cette extrême incivilité.

La jeune miss appela un de ses gens, et lui ordonna de faire avancer le cocher.

« Non, s’écria lord Frédéric, non, tant que vous ne m’aurez point dit quand je pourrai vous revoir. »

— « Je vous écrirai, milord, répliqua-t-elle d’une voix troublée ; je vous promets une lettre, dès que je serai chez moi. »

Comme s’il eût deviné ce qu’elle devait lui marquer, il s’écria avec plus de force : « Songez, mademoiselle, songez à la manière dont vous me traiterez dans cette lettre ; et vous, M. Dorriforth (s’adressant à lui), songez bien à ce qu’elle contiendra ; car si c’est vous qui la dictez, c’est à vous que j’enverrai ma réponse. »

Dorriforth, sans répliquer, sans jeter les yeux sur lui, s’avança à la portière opposée, et d’un ton de colère, dit au cocher : « Comment osez-vous ne pas avancer, malgré l’ordre de votre maîtresse ? »

La colère de Dorriforth était quelque chose de si nouveau pour ses domestiques, qu’elle fit sur le cocher l’effet du tonnerre, et il partit aussitôt avec une telle rapidité, qu’en un moment lord Frédéric fut laissé bien loin en arrière. Dès qu’il fut revenu de la surprise où l’avait jeté l’ordre donné par Dorriforth, il courut à toute bride après la voiture, qu’il suivit jusqu’à la maison de miss Milner ; là, s’abandonnant à son amour pour elle, ou à sa rage contre Dorriforth, pour le mépris qu’il venait de lui marquer, il sauta à bas de son cheval, au moment où miss descendait de voiture, et saisissant sa main, il la conjura