Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

INTRODUCTION

LA JEUNESSE D’INGRES
(De Montauban à Rome, 1780-1818)
I

Le voyageur qui descend vers Montauban par les causses rocailleux du Quercy, ou celui qui monte des plaines verdoyantes de la Gascogne et du Languedoc, observent, sur ce point précis de la carte de France, un phénomène assez particulier. C’est le mélange de deux races différentes, par l’âpre rusticité de l’une et par la seyante urbanité de l’autre. Ces deux pousses diverses se greffent à cette ramification du chêne national, pour y produire un troisième type qui doit au premier sa robustesse de paysan et au second sa finesse de citadin, comme un produit de commune origine et de diverse éducation. La taille plus haute et plus épaisse de l’homme du Nord semble s’y être restreinte à celle de l’homme du midi, en un corps plus ramassé et plus nerveux. La langue même, en descendant des rocailles sonores de ces causses arides vers ces plaines herbeuses et ces guérets féconds, a étouffé aux herbes sourdes et adouci aux sillons gras la rudesse du ton et jusqu’à