Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/150

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Toutefois, dans les anciens temps, nous trouvons aussi, et dans le même sens, la forme de V/ou-ho ou Wou-hou, qui, selon moi, correspond non pas à Ouigour, Ujyury en turc, mais à Oyus, Ogouz. Sous la dynastie des Thang, la tribu de laquelle les Houi-ho tiraient leur origine, était établie au nord du grand désert, dans la partie septentrionale de la Mongolie de nos jours. Ils étaient tributaires des Tou-kioue ; mais, au commencement du Vile siècle, ils se révoltèrent de concert avec d’autres tribus des Thie-le, proclamèrent leur indépendance et prirent le nom de Houiho. Leur khan avait sa résidence sur la rivière So-ling (Selenga), un peu plus tard, sur la Toulo (Tola). En 630, ils reconnurent la suzeraineté de la Chine (comp. p. 64 et suiv.) ; leur territoire fut organisé à l’instar des provinces chinoises, et leurs chefs furent regardés comme gouverneurs chinois. Ils étaient souvent en guerre avec les Tou-kioue jusqu’à ce que, en 745, les Ouigours réussissent à renverser Fempire de ces derniers. A cette époque-là, les Houi-ho étaient divisés en neuf tribus. Eux aussi, les auteurs mahométans un peu moins anciens et dont les récits tiennent assez de la légende, surtout Rachideddin, placent les anciens établissements des Ouigours ou spécialement des Tokouz-Ouigours (Neuf-Ouigours) en ces mêmes contrées, tandis que d’autres Ouigours (On-Ouigours, les Dix-Ouigours) ont été établis plus au sud, d’où ils ont émigré vers l’ouest. (Dans divers auteurs mahométans, il se présente un nom de peuple turc dont la forme traditionnelle est ty^y^, c’est-à-dire ttayazydz*. Aujourd’hui l’on suppose correcte la leçon tyzyr, c’est-à-dire toyozyor = Togouz Ouigour, d’après Radloff, Dos Kudatku BUik, p. LXXVl. Mais ne pourrait-ce être tyzyz, c’est-à-dire toyuz-oyuZy les Neuf-Ogouz, par conséquent une réminiscence de l’ancien nom que nos inscriptions viennent de nous faire connaître ?) D’après tout ceci, l’identité des Ogouz des inscriptions avec les Ouigours des sources littéraires, semble incontestable. Il est donc présumable qu’on doit admettre qu’Ogouz est le véritable nom ancien du peuple ou tribu en question, et, comme tel, resté en usage parmi les Turcs, tandis qu’Ouigour est une dénomination plus récente, pour ainsi dire, politique d’une certaine confédération de peuples ou tribus (toutefois il est absolument impossible que ce mot ait pu signifier «les alliés», «les obéissants» ou autre chose semblable, de la racine ni- des langues turques plus récentes, «se conformer à», ce qui aurait dû faire ud,, udyur en ouigour et en ancien turc). Sur les Ouigours voir d’ailleurs Visdelou, p. 57 et suiv. ; Klap-ROTH, Tableaux historiques, p. 121 et suiv. ; Bretschneider, I, p. 236 et suiv. ; Radloff, Das Kudatku Bilik, introd. —

En ce qui concerne le reste des peuples mentionnés dans ce passage, voir note 8.

23). [I E 16, II E 13]. Sur la mort du kagan en 690 ou 691, voir p. 66 et 95. — Le mot lAbt semble inconnu dans toutes les langues apparentées, et l’on n’est sûr ni de sa vocalisation (baibalf) ni de sa signification. Mais l’expression 6/W tik- (djag. tik-, osm. dik- planter [un arbre, un pieu ou un objetsemblable], coudre, osm. bu umurinà sizy dikàrini, «je vous charge de ces affaires», [mot à mot : je vous plante dans ces affaires], Barbier db