Aller au contenu

Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 40 —

ticables les traits suivant le fil [1]), il ne serait pas invraisemblable que le même motif ait pu accidentellement être pris en considération pour la forme des caractères turcs [2]).

Ni dans le Sud ni dans le Nord de l'Europe, on ne trouve donc de point de ralliement pour l'alphabet turc, et toute idée de lui trouver une origine européenne doit par conséquent s'évanouir.

Or, en examinant d'un peu plus près cet étrange alphabet et surtout l'originalité qui le détache de tous les alphabets que pourrait rappeler d'ailleurs la forme extérieure des caractères, savoir ses ditFérentes séries de signes pour les mêmes consonnes d'après les différentes voyelles, on ne saurait douter que, considéré dans son ensemble, il n'a pu surgir que pour s'adapter précisément à une de ces langues turques si distinctement caractérisées par la nature de leur vocalisme. S'il en est ainsi, on trouvera sans doute aussi tout de suite vraisemblable qu'un assez grand nombre de ces signes af- fectés aux mêmes sons doivent être l'invention libre de celui ou de ceux qui, appréciant le caractère phonétique de la langue turque, ont su composer si ingénieusement cet alphabet.

D'autre part il n'est pas moins clair que, non seulement l'impulsion qui a fait naître cet alphabet, mais encore le fonds propre d'où furent tirés ses caractères, doit provenir du dehors, et, pour trouver dans quelle direction remonter au point de départ, il n'ast pas nécessaire de chercher longtemps. Comme je crois possible de le démontrer avec certitude, et comme je l'ai déjà brièvement donné à entendre dans ma Notice préliminaire, c'est dans le Sud-Ouest, dans la région iranienne.

La source d'où est tirée l'origine de l'alphabet turc, sinon immédiatement, du moins par intermédiaire, c'est la forme de l'alpha-

  1. Comp. Wimmcr, Die Bunenschrift, Berlin, 1887, p. 97 et suiv.
  2. Comp. ce que rapportent les écrivains chinois sur les Turcs (Tou-kioue). „Ils n'ont point d'écriture [c.-à-d. d'écriture comme la chinoise], et pratiquent des entailles sur des plaques de bois pour faire des contrats", Stan. Julien, Documents historiques sur les Tou-kioue, dans le Journ. asiatique, 6^ série, III, 1864, p. 351. Autre part nous lisons: „Les caractères de leur écriture ressemblent à ceux des barbares", ibid., p. 335. Comp. Abel Rémusat, Recherches sur les langues tartares, Paris 1820, p. 65 et suiv.