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Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/47

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— environ raille ans — qui sépare les inscriptions turques des inscriptions d'Asie Mineure dont il s'agit, doit éveiller de forts doutes sur la rectitude de l'assertion, la différence complète qui se révèle entre les significations respectives de tons les signes de forme ana- logue, s'oppose le plus carrément possible à ce qu'on cherche par la susdite voie la filiation de l'ancien alphabet turc.

D'autres ont comparé notre alphabet aux anciennes runes du Nord et pensé qu'il a pu trouver son origine dans ces runes et venir d'Europe par le Nord de la Sibérie. Beaucoup d'autres aussi ont simplement appliqué à ces caractères turcs le nom de runes („runes de Sibérie", „runes de l'Iénisséi"); mais l'on ne saurait trop prémunir contre cet usage. Il n'y a pas le moindre motif d'emploj^er le nom de runes pour désigner plutôt ces caractères que tant d'autres alphabets, et cette dénomination n'est propre qu'à éveiller de fausses idées. Car il appert aujourd'hui qu'à l'instar des rapports avec l'alphabet grec et ceux de l'Asie Mineure, il n'y a pas trace de ressemblance, quant aux détails, entre les deux alphabets en ques- tion, et qu'entre eux on ne peut pas non plus imaginer de solidarité génétique. La ressemblance se réduit à certaines concordances de forme communes devant se présenter facilement d'elles-mêmes. Il y a surtout un point qu'on peut mettre en relief, c'est que l'alphabet turc, comme les runes, ne se compose essentiellement que de lignes verticales ou obliques et évite les traits horizontaux [1]) (le turc pourtant, contrairement aux runes, emploie parfois les lignes courbes; comp. ô? ^> D» ^)- Si mon ingénieux compatriote J.-H. Bredsdorff a eu raison de présumer, comme il Ta déjà dit en 1822, que pour la part des runes cette apparence est due surtout au fait que ces runes devaient être taillées dans le bois, ce qui rendait impra-

  1. La seule exception qui contienne d'une manière conséquente le trait horizontal, est le caractère Y des monuments de l'Orkhon I et II; mais c'est h peine aussi la forme originelle de ce signe, qui doit bien plutôt se présenter sous l'aspect de fî Y* Au surplus, la forme des signes de ces deux monu- ments est quelquefois sans doute moins primitive que dans certains autres monu- ments, surtout ceux de l'Iénisséi, par exemple, vU vis-à-vis de 't^, ^ [III o ] vis-à-vis de ^ .