Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/66

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riers et puissants, les Chinois avaient toute la peine du monde à les tenir à l'écart, par force ou par ruse. Ainsi nous lisons, à la date de l'an 580, qu'un diplomate chinois, Tchang-sun-tching, qui avait été envoyé en ambassade chez les Tou-kioue, et qui avait eu l'occasion de bien les étudier sous tous les rapports, représenta à l'empereur cque Che-thou, Tien-kioue, A po, etc., qui étaient oncles et neveux, frères aînés et frères cadets, avaient chacun sous ses ordres des troupes nombreuses; qu'ils avaient tous hi titre de khan; qu'ils étaient établis séparément à l'est et à l'ouest, au midi et au nord; qu'intérieurement ils se -soupçonnaient et se détestaient, quoique au dehors ils parussent unis; qu'il était difficile de les vaincre par la force, mais qu'il était aisé de mettre entre eux la division.» Ce plan fut suivi avec beaucoup d'astuce, et de cette manière les Chinois réussirent, en attendant, à affaiblir considérablement les Turcs en excitant les uns contre les autres les différents khans [1]).

Il serait inutile de s'arrêter davantage aux destinées de ces anciens khans et de leurs successeurs. Il suffit de rappeler que les choses continuent de se passer chez les Turcs comme auparavant: plusieurs khans qui rivalisent entre eux; incursions continuelles sur/ les frontières chinoises et guerres entre les deux nations (il va sans dire que, la plupart du temps, c'est là ce que nous apprennent les textes chinois, qui ne savent pour ainsi dire rien sur les rapports des Turcs aux peuples de l'Ouest).

Cependant l'on voit que, grâce non seulement à leurs armes, mais encore à la supériorité de leur civilisation en général, les Chinois gagnent successivement et de plus en plus des avantages sur les Tou-kioue. Kn 630, les Chinois réussissent enfin à dé- faire complètement ces derniers et à faire prisonnier leur khan même, Kie-li[2]). Dès lors les Tou-kioue sont vassaux des Chinois. La plupart des hordes qui avaient fait partie de l'empire des Tou- kioue, s'étaient déjà partiellement soumises auparavant; en partie, elles se soumettent maintenant peu à peu à la Chine, tandis que

  1. Journ. as. III, p. 358 et suiv.
  2. Ou Kiet-li, comme l'écrit M. G. Schlegel, conformément à l'ancienne prononciation. Journ. as. IV. p. 228 et suiv.; Deguignes, p. 431 et suiv.: Vis- (ielou, p. 13 et suiv.