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Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/86

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serrée que celle do la première, a été un peu plus vaste encore alors qu'elle était entière.

L'inscription du mon. I se compose de deux sections, rédigées l'une et l'autre au nom du khan. L'une de ces sections, la plus grande, couvre tout entier le côté de l'Est (je la désigne par I E), 40 lignes, et va se continuer sur le côté du Nord (I N), qui constitue 13 lignes. Après un court aperçu de l'histoire antérieure des Turcs et en s arrêtant surtout aux mérites du père et de l'oncle, comme à l'essor que prit l'empire des Turcs sous leur règne, le khan rapporte en détail ses exploits et ceux de son frère défunt [1], ainsi que la mort de ce dernier, et enfin il dépeint les regrets qu'il éprouve à cette occasion et les compliments de condoléance qu'il a reçus de la part de différents peuples.

La seconde section, moins grande, occupant le côté étroit du Sud (1 S), soit 13 lignes, et qu'on doit considérer ou comme épilogue ou comme prologue de la section principale désignée la première, contient, sous forme d'allocution aux Turcs, soit des remanjues générales des vicissitudes qui se sont successivement déclarées dans leurs destinées par suite de leurs relations avec les Chinois, tout en déplorant la désobéissance et les dissensions des Turcs, soit la glorification des mérites du khan lui-même, soit, en terminant, la communication concernant le monument même et sa genèse.

A ces inscriptions il s'en rattache d'autres encore, de peu d'étendue, chacune d'une seule ligne, aux trois angles de la pierre, savoir ceux du N.-E., 8.-E. et 8. 0., et dont l'une (I NE) nous renseigne sur ITige de Kul-téghin avec les dates de .sa mort et de ses funérailles, ainsi que de l'inauguration de la pierre. Dans les deux autres, ce n'est plus le khan qui parle: c'est un parent des deux frères, nommé Yolig- (ou Yollig-?)téghin [2] et désigné comme

  1. Comme petit trait caractérisant ce pouplo de cavaliers, on doit faire ressortir que, dans le récit des diverses batailles auxquelles le défunt a pris part, on communique aussi les noms des chevaux qu'il y a montés, et leur sort respectif.
  2. La môme parenté le relie aux deux frères, puisqu'il est leur nti/ (kul tigin atysy I SE, [qaan atysy/ II SW); mais la signification de ce mot, qui ne semble pas se trouver dans les langues apparentées, est douteuse. Le titre de téghin paraît dénoter que ce doit être un agnat. Il n'y a donc guère d'autres possibilités sinon que (aty soit ou neveu ou bien cousin (peut-être demi-frère ou frère naturel?). M. Radloff le traduit par neveu, sans doute seulement d'après I E 5 = II K 5, où il trouve ce mot (oɣły‿aty ), ce dont cependant je ne saurais convenir (voir la note 10). Comme celui qui a rédigé l'inscription, doit probablement être un homme d'un âge plus mûr qu'on ne devrait le supposer dans un neveu (c àd. le fils d'un frère cadet) du khan et du téghin, j'aime mieux le triduire par cousin. Mais ce n'est là qu'une hypothèse.