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Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/9

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Je dois tout d’abord faire remarquer que, si les langues turques ne me sont point étrangères, il s’en faut pourtant bien que je puisse me vanter d’en faire une spécialité. Si donc on veut considérer la difficulté particulière du sujet, l’on s’étonnera d’autant moins d’y voir que j’ai dû renoncer à expliquer divers détails ou qu’il y en a qui ne me font que trop bien sentir l’insuccès de ma tentative pour aller jusqu’au fond. En général je ne doute point que le langage et le texte des inscriptions ne renferment un grand nombre de choses susceptibles d’être modifiées dans l’avenir par les recherches de savants plus versés que moi dans les langues turques et dans l’histoire de l’Asie orientale. Néanmoins j’ai l’espoir que mon travail pourra en tout cas servir de base à des études ultérieures sur les remarquables monuments devenus aujourd’hui abordables à la science[1].

  1. A l’égard du premier monument de l’Orkhon, l’éminent turcologue M. Radloff, a déjà pris les devants sur moi en publiant une nouvelle reproduction typographiée de l’inscription de ce monument, suivie d’une transcription et d’une traduction allemande et en se servant de la clef trouvée et communiquée par moi (Die alttürkischen Inschriften der Mongolei. I. Das Denkmal su Ehren des Princen Kül Tegin. Von W. Radloff. St. Petersburg, 1894, 35 pages. Dans ce qui suit, je désigne cet ouvrage par Denkm. Kül T.). Mon travail était déjà à peu près terminé, quand je reçus ce mémoire de M. Radioff ; mais après l’avoir reçu j’ai pensé devoir faire subir une revision à mon travail avant qu’on l’imprimât. C’est pour moi une grande satisfaction que non seulement M. Radlof ait accepté mon déchiffrement de l’alphabet — quant à un très petit nombre d’additions qu’il a cru devoir faire, j’en parlerai dans la suite — mais encore qu’à l’égard du déchiffrement des inscriptions, la grande majorité de ses résultats concordent parfaitement avec ceux auxquels j’étais déjà arrivé, tandis qu’il y a également des points dont l’intelligence lui a aussi peu réussi qu’à moi. Si, d’autre part, pour être juste, je dois reconnaître l’appui que m’a procuré le travail de M. Radiloff en ce qui concerne l’intelligence de divers détails difficiles ou douteux, il y a aussi, soit pour fixer les leçons du texte, soit relativement aux principes de la transcription et à la manière de concevoir les formes de la langue en question, soit enfin concernant l’interprétation, un assez grand nombre de détails où je suis arrivé à des résultats différents et, j’ose le croire, plus exacts que les siens. Il y a même certains points où son travail — je ne puis pas me dispenser de le dire, — me paraît dénoter une exécution trop précipitée. Pour cette raison je n’ai pas non plus pensé que le travail de M. Radloff devrait me détourner de publier celui que j’avais annoncé dans ma Notice préliminaire. J’ai l’espoir qu’au moins dans une partie des points où je m’écarte de M. Radloff, j’ai réussi à approcher plus que lui de la vérité.