Page:Iorga - Histoire des relations entre la France et les Roumains, 1918.djvu/180

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Le sentiment de la propriété n'était pas moins fort chez les colons d'un peuple conquérant que chez ceux des nations commerçantes de notre époque ». Il relève ce fait que les colons fixés par Trajan dans la Dacie étaient « des citoyens qui, victimes de la grande propriété et n'ayant plus depuis long temps dans leur mère patrie d'autre état que la misère, accouraient dans cette contrée comme dans un Eldorado » : il aurait donc été bien difficile de les enlever à ce sol qui eut bientôt fait de les enrichir. Une argumentation tout aussi saine lui avait fait comprendre que ces bourgeois, ces colons, ces soldats retraités à qui le don d'une modeste propriété payait les efforts d'une vie entière, ne pouvaient pas devenir tout à coup « ces nomades », ces pauvres pâtres errants dans lesquels le slavisant Miklosich, voyait, il y a quelques dizaines d'années encore, la nation roumaine tout entière.

Un phénomène d'histoire est ici invoqué très à propos. Pendant les guerres livrées au XVIIIe et au XIXe siècles sur ce territoire