Page:Irailh - Querelles littéraires, tome II.djvu/121

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rien moins qu’un homme qui eût toujours vécu dans les meilleures compagnies, qui possédât parfaitement sa langue, qui la parlât sans laisser entrevoir le moindre défaut d’organe, de pays, d’ignorance & de mauvaise éducation. Quelqu’un qui prononceroit bien seroit seul en état d’orthographier de même. Mais quels forent les premiers en France & les plus zélés partisans du néographisme ? un Manceau, nommé Jacques Pelletier, & un Gascon, appellé Louis Maigret. En voulant tous deux ramener l’orthographe à la prononciation usitée, ils ne la ramenèrent qu’à la prononciation de leur pays ; & ce qu’il y eut de plaisant, c’est qu’ils se la reprochèrent, & que chacun crut avoir de son côté la véritable & seule manière de bien prononcer.

Les honnêtes gens, qui ne prenoient aucun intérêt à cette contestation, rirent beaucoup des prétentions de l’un & de l’autre. Mais ceux qui tenoient, avec chaleur, pour l’ancienne manière d’orthographier, allèrent plus loin. Ils crurent avoir gain de cause, & qu’il ne seroit plus question, désormais, d’aucune innovation à ce sujet.