Page:Irailh - Querelles littéraires, tome II.djvu/125

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ouvrages, il tâcha de réduire en pratique son nouveau systême sur l’orthographe ; mais plus d’une personne se trouva fort embarrassée à la lecture. Un homme en place fut obligé, pour pouvoir le lire, de le faire copier suivant l’usage accoutumé. On y lit, saje, ufaje, langaje, néglijence, peizam, Fransoés, Ejipsiens, &c., &c. Comme l’auteur se doutoit bien de la peine qu’on auroit à le lire, il eut l’attention de faire écrire souvent, dans une même page, les mêmes mots suivant l’usage ordinaire, & suivant ses nouvelles idées. Cette bisarrerie & cette bigarrure rendirent l’innovation encore plus ridicule. M. de Voltaire passe pour avoir innové à son tour ; mais la pratique qu’il suit & qu’il est parvenu à rendre assez commune, avoit été proposée avant lui. Sa manière d’orthographier ne consiste qu’en deux ou trois points ; il écrit connaître, aimait, Français, quoique Louis XIV prononçât toujours François. Il met deux F à philosophe. Chez lui les lettres redoublées sont rares : en général, il écrit ais ou ois, selon que l’on prononce l’un ou l’autre. Il décide, par ce moyen, la