Page:Irailh - Querelles littéraires, tome II.djvu/437

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tragédie, il suive, autant qu’il est possible, la nature, & ne fasse que l’élever sans la guinder, l’aggrandir sans l’enfler, l’ennoblir sans la détruire « .

Riccoboni donne la déclamation théâtrale pour cause de la plupart des fausses idées que nous avons du véritable héroïsme. Nous sçavons, dit-il, que César, Alexandre, Annibal étoient ces hommes comme nous, passionnés comme nous, ne valant pas mieux que nous, mais séduits dès l’enfance par l’expression outrée de la déclamation, noue prenons ces héros de l’antiquité sur le pied que les comédiens nous les donnent, c’est-à-dire pour des hommes d’une autre nature que la nôtre. « On les voit marcher, parler tout autrement que nous, & avoir une contenance tout-à-fait extraordinaire ». Il rapporte qu’il se trouve à Paris des personnes si révoltées d’une pareille déclamation, qu’elles aiment mieux renoncer au spectacle que d’y aller entendre déclamer à contre sens.

L’abbé Desfontaines a suivi tous les raisonnemens de Riccoboni, & n’en a pas trouvé un seul fondé. D’autres écri-