Page:Irailh - Querelles littéraires, tome IV.djvu/93

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alors élever une contestation très-vive parmi les médecins. On avoit découvert, pas quelques préparations chymiques, que ce remède renfermoit une propriété purgative. L’observateur & quelques personnes auxquelles il fit part de son secret, l’employèrent avec succès : mais de vieux médecins qui eussent été trop humiliés de changer leur marche, & de paroître avoir ignoré quelque chose, n’en jugèrent pas la découverte meilleure. Ils soutinrent l’opinion contradictoire, & prétendirent que l’antimoine avoit une qualité vénéneuse qu’aucune préparation ne pouvoit corriger. Par respect pour eux & pour l’observance des règles, toute la faculté jugea de même : elle défendit, par un décret solemnel, l’usage de l’antimoine.

Le parlement vint à l’appui de la faculté, & fit la même défense par un arrêt de 1566. La prévention de ce remède a été si grande & a duré si longtemps, qu’un fort habile médecin, nommé Paulmier, fut chassé de la faculté, en 1609, pour s’en être servi. Ses confrères furent ses délateurs, & sollicitèrent contre lui l’exécution de l’arrêt.