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déclara que les, craintes n’étoient que trop bien fondées, & condamna la levure, comme très-contraire à la santé, par un décret du 24 mars 1668.

Le peuple, qui s’allarme aisément, craignit d’aller contre cette défense. Au lieu de prendre du petit pain chez les boulangers de Paris, il en achetoit de ceux de Gonesse. De fort honnêtes cabaretiers, surtout, en usoient ainsi. L’ordre de la police étoit troublé. Les boulangers de Paris se plaignirent, & dirent qu’ils avoient seuls le privilège de faire du petit pain. Les cabaretiers répondirent que leur petit pain étant fait avec de la levure de bière, qui passoit pour mal saine, ils étoient obligés de se pourvoir ailleurs. L’affaire fut portée au parlement. Avant que de foire droit aux parties, il ordonna que six docteurs en médecine donneroient leurs avis sur la composition du petit pain & sur la qualité de la levure.

Ces six docteurs ne s’accordèrent pas. Quatre opinèrent conformément à l’ancien décret : les autres deux soutinrent que la levure ne sçauroit être nuisible, pourvu qu’elle fût bien conditionnée & bien employée. Entre les