Page:Irving - Le Livre d’esquisses, traduction Lefebvre, 1862.djvu/177

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contrefaçon ; mais sa nièce semblait parfaitement heureuse d’avoir trouvé en lui un homme véritable, en chair et en os, — et c’est ainsi que l’histoire finit.


L’ABBAYE DE WESTMINSTER.


Lorsque dans Westminster, dans ce tombeau de roi,
Je contemple étonné, saisi d’un saint effroi,
Respirant dans l’airain et vivant sous la pierre,
Les princes, les héros, les grandeurs de la terre,
Je ne lis plus l’orgueil au front de ces faux dieux
À la splendeur évanouie.
Leurs rayons amortis ne font pas de mes yeux
Frémir la prunelle éblouie.
Superbes monuments, misérable hochet,
Me dis-je tout pensif, leur esprit inquiet,
Si turbulent hier, est aujourd’hui paisible.
Ils ont vu s’étancher leur soif inextinguible.
Vous leur suffisez donc ! Et d’un geste irrité
Naguère ils repoussaient la coupe qu’en esclave
Leur tendait l’univers. — De toute vanité
La mort
Est le dégel affreux, et la vie est l’entrave
Où notre désir se tord.

Épigrammes de Christolero, par T. B. 1589.


Par une de ces graves et mélancoliques journées qui mènent le deuil de l’automne, quand les ombres du matin et du soir finissent presque par se confondre et jettent un voile de tristesse sur le déclin de l’année, je passai plusieurs heures à errer autour de l’abbaye de Westminster. Il y avait dans la lugubre magnificence du vieil édifice quelque chose qui s’harmonisait avec la saison,