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LE DÎNER DE NOËL.


Le voilà donc venu ce jour si désiré !
Qu’en son honneur chacun arbore un gai visage.
Dans les chambres le lierre étale son feuillage,
Et de branches de houx chaque lit est paré.
Tenez, de nos voisins fument les cheminées.
Les bûches de Noël jà diminuent un peu ;
Des viandes que l’on cuit se pressent les fournées ;
La broche tourne auprès du feu.
Laissons donc grelotter la tristesse à la porte,
Et si de froid nous la retrouvons morte,
En l’enterrant dans un pâté
Nous crierons lors : Hourra pour la gaîté !

WithersJuvéniles.


J’avais achevé ma toilette, et flânais avec Frank Bracebridge dans la bibliothèque, quand un bruit sourd mais parfaitement distinct se fit entendre. C’était, m’apprit-il, le signal pour servir le dîner. Le Squire maintenait les vieilles coutumes aussi bien à l’office que dans la grand’salle, et le rouleau à pâtisserie, avec lequel le cuisinier frappait sur le dressoir, appelait les domestiques pour emporter les mets.

Du chef en ce moment les trois coups retentissent ;
Les valets aussitôt à l’appel obéissent,
Et devant lui chacun paraît.
Le plat en main, chaque homme de service
S’avance fièrement, comme dans la milice,
Le présente et puis disparaît[1].

Le dîner fut servi dans la grand’salle, où le Squire tenait toujours son banquet de Noël. On avait fait un joyeux et pétillant feu de bois pour échauffer le spacieux appartement, et la flamme

  1. Sir John Suckling.