cier. Là où une communauté est aussi limitée en nombre que dans une tribu indienne ; là où, comme chez eux, elle forme une grande famille patriarcale, l’injure d’un individu est l’injure de tous, et le désir de la vengeance presque instantanément partagé. Un conseil de feu suffit pour la discussion et l’organisation d’un plan de campagne. Là s’assemblent les guerriers et les sages ; l’éloquence et la superstition s’unissent pour enflammer le cœur des combattants. L’orateur éveille leur ardeur martiale, et ils sont jetés dans une espèce de désespoir religieux par les hallucinations du prophète ou du visionnaire.
On trouve dans une vieille chronique des premiers établissements du Massachusetts un exemple de ces exaspérations soudaines ayant leur source dans un motif particulier au caractère indien. Les planteurs de Plymouth avaient mutilé les monuments funèbres à Passonagessit, et dépouillé la tombe de la mère du Sachem de quelques peaux dont elle était ornée. Les Indiens sont remarquables pour le respect qu’ils portent aux tombeaux de leurs parents. On a su que des tribus qui étaient restées des générations entières exilées des habitations de leurs ancêtres, quand par hasard elles se sont trouvées voyager dans le voisinage, s’étaient détournées de la grande route, et, guidées par une tradition merveilleusement exacte, avaient fait plusieurs milles à travers la campagne pour gagner quelques tumulus, enfouis peut-être dans les bois, où les ossements de leur tribu étaient anciennement déposés, et qu’elles y avaient passé plusieurs heures dans une silencieuse méditation. Mû par ce sentiment sublime et sacré, le Sachem fils de la femme dont la tombe avait été violée rassembla ses hommes, et, s’adressant à eux dans la magnifiquement simple et pathétique harangue qui suit, curieux échantillon de l’éloquence indienne, exemple touchant de piété filiale chez un sauvage :
« La dernière fois, dit-il, que le glorieux flambeau qui éclaire tout le ciel disparut sous ce globe, alors que les oiseaux rentraient dans le silence, je fus m’étendre, suivant ma coutume, pour prendre du repos. Mes yeux n’étaient pas encore entièrement fermés qu’il me sembla voir un fantôme, ce dont mon esprit fut fort troublé ; et comme je tremblais à cette terrible vue, j’entendis un esprit s’écrier à haute voix : « Regarde, mon fils que j’ai chéri : ces