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Page:Isaac Newton - Principes mathématiques de la philosophie naturelle, tome1.djvu/31

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ler dans ces mêmes courbes, eſt auſſe continuellement dirigée vers les corps qui ſe trouvent aux foyers de ces orbites. C’eſt donc avec raiſon que l’on peut appeller cette force une force centripete à l’égard du corps circulant ; & une force attractive à l’égard du corps central, quelle que ſoit la cauſe qui produit cette force.

De plus, il eſt pareillement démontré géométriquement que ſi pluſieurs corps ſe meuvent uniformément dans des cercles concetriques, de maniére que les quarrés des temps périodiques ſoient entr’eux comme les cubes des diſtances au centre commun ; les forces de chacun de ces corps ſeront réciproquement comme les quarrés des mêmes diſtances. On démontre avec la même facilité que, ſi des corps font leurs révolutions dans les orbites qui ne différent preſque pas du cercle, & dont les abſides ſoient fixes ; les forces centripetes de ces corps ſeront comme les quarrés des diſtances. Or de l’aveu conſtant de tous les Aſtronomes toutes les planetes ſe trouvent dans l’un ou l’autre cas ; donc leurs forces centripetes ſont réciproquement comme les quarrés de leurs diſtances au centre. Si l’on nous ojbecte objecte que les abſides des orbites de chaque Planete, & particuliérement de la Lune, ne ſont pas dans un repos parfait ; mais qu’ils ont un mouvement fort lent ſuivant l’ordre des ſignes ; on peut répondre que, quand même nous accorderions que cette erreur vient de ce que la loi de la force centripete s’éloigne tant ſoit peu de la raiſon doublée inverſe des distances ; néanmoins il eſt aiſé de calculer jusqu’où peut aller l’erreur qui ſuit de cette fauſſe ſuppoſition, & de faire voir qu’elle eſt abſolument inſenſible. En effet, quoique la loi de la force centripete de la Lune qui eſt la plus ſujette à être troublée dans ſes mouvemens, ſurpaſſe un peu le rapport de la raiſon doublée ; néanmoins elle en approche ſoixante fois davantage que de la raiſon triplée. On peut encore réfuter cette objection plus ſolidement en ſoutenant, comme il eſt démontré dans cet Ouvrage, que ce mouvement des abſides ne vient pas de ce que l’intensité des forces centripetes s’éloigne de la raiſon doublée, mais qu’il dépend d’une cauſe totalement différente : ainſi il faudra toujours admettre comme un principe inconteſtable, que les Planetes principales tournent autour du Soleir, & les ſecondaires autour des premieres, par l’action de forces centipetes qui ſuivent préciſément la raiſon inverſe des quarrés des diſtances.

De ce que l’on vient de dire, il ſuit évidemment que les Planetes ſont retenues dans leurs orbites par une force qui agit continuellement ſur elles ; que cette force eſt toujours dirigée vers le centre de ces orbites ; qu’elle augmente à meſure que les Planetes approchent du centre, & qu’elle diminue à meſure qu’elles s’en éloignent ;