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dèrent la cause de cet attroupement. C’étaient trois messieurs très distingués, dont un nègre. Ayant appris de quoi il s’agissait, ils entrèrent à leur tour dans l’étable, et contemplèrent Marie et son fils. Puis le premier s’avança, et dit :

— Je me nomme Melchior. Je suis roi d’une région lointaine, et je suis venu à Paris pour me distraire un peu avec mes confrères ici présents. J’ai voulu voir cet enfant né dans une étable, et je vous prie, mon brave homme, d’accepter ceci au nom de votre fils.

Et il glissa de l’or dans la main de Joseph.

Le second dit ensuite :

— Je me nomme Gaspard. Je règne sur un pays éloigné, et je suis venu faire la noce à Paris, selon la coutume des rois. J’ai tenu à voir cet enfant né dans une étable, et je veux lui faire également mon petit cadeau.

Il donna aussi de l’or à Joseph, et le nègre déclara à son tour :

— Yé souis Balthasa’, lé ’oi de mon pays. Yé souis vénu à Pa’is pou’ ’igoler avé les camarades. Yé aimer beaucoup lé pétit ga’çon qu’il est vénu au monde dans un étable, et yé donner à lui de la galette, et pouis cadeaux comme dans mon pays.

Sur quoi, il remit à Joseph de l’or, de l’encens et de la myrrhe, selon la coutume orientale.

Joseph les remercia humblement, et les reconduisit à reculons, en portant une bougie allumée, parce qu’il avait lu dans son journal que M. Claretie fait ainsi, quand il reçoit des visiteurs royaux à la Comédie-Française. Mais comme c’était au fond un bon républicain, à qui les tyrans n’en imposaient pas, il rigolait à part lui, en murmurant dans sa belle barbe :