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Le brave homme étala de la paille fraîche sur le sol. Ils y couchèrent la malade, puis parlèrent encore d’aller chercher une voiture. Mais Marie hurla, tant elle souffrait :

— Non, non, pas de voiture ! Un docteur ! Vite, un docteur ! Je crois que je vais claquer !

L’homme courut chercher un médecin qui arriva bientôt, et déclara que cette femme n’était plus transportable, car elle allait accoucher d’un instant à l’autre.

Elle accoucha en effet, avec l’aide du docteur et d’une sage-femme qu’on avait fait quérir.

Celle-ci vint bientôt annoncer à Joseph, qui s’était discrètement retiré, et fumait sa pipe sur le seuil de l’étable :

— C’est un garçon, monsieur. Votre portrait tout craché.

Et Joseph fut si content qu’il embrassa la sage-femme.

Le bruit de cette aventure s’était répandu aux alentours. Sous les hangars voisins, il y avait quantité de moutons qui devaient, comme l’âne et le bœuf, être conduits le lendemain aux abattoirs. Les bergers qui les gardaient voulurent voir cet enfant qui venait de naître dans une étable. Selon la coutume campagnarde, ils apportèrent à l’accouchée de menus présents : des langes, des bonnets pour l’enfant, qu’ils achetèrent dans une boutique voisine, et même une jolie peau d’agneau dont on couvrit le bébé pour qu’il n’eût pas froid.

Joseph ne savait comment remercier ces braves gens.

Comme il les reconduisait jusqu’à l’entrée de la cour, où d’autres personnes s’étaient massées par curiosité, trois messieurs vinrent à passer, qui deman-