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Page:Ista - Contes & nouvelles, tome III, 1917.djvu/11

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Un peu d’histoire


Le peintre Molesquin travaille à son grand tableau : « Une fête à la Cour de Louis XVI ». Pour poser le personnage de Marie-Antoinette, il a choisi la grande Lolotte, celle que ses petites amies ont surnommée « Marennes blanche », par une délicate allusion aux qualités de son teint et de son intelligence. Lolotte vient de revêtir l’immense robe à paniers, le long corsage lacé en échelle et la haute perruque poudrée. Tout ahurie, elle s’examine dans une glace.

LOLOTTE. — Ben, mon vieux, c’est rien rigolo !… Et puis commode : J’pourrais avoir une demi-douzaine de polichinelles dans l’tiroir, ça s’remarqu’rait même pas… C’est pas vrai, dis, qu’les femmes ont jamais été déguisées comme ça ?

MOLESQUIN. — Mais si ; c’est un costume historique.

LOLOTTE. — Ben, mon vieux, c’qu’on d’vait les engueuler dans la rue !… Et ça d’vait être bien pratique pour grimper en wagon ou sur l’autobus… C’est rien rigolo !… Tu m’vois entrer comme ça à Tabarin ? Ah non ! J’suis bien trop intelligente pour me frusquer d’la sorte.

MOLESQUIN. — Ça ne te ferait rien de prendre la pose ?… Là ; comme ça… La main appuyée sur ce