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ANDRÉ, regardant alternativement les deux sièges. Madame… Monsieur… je suis… Croyez bien…

Mme  PIC, poussant sa chaise vers lui. — Asseyez-vous, je vous en prie.

M. PIC. — Sur cette chaise ? Vous êtes folle ! Les fauteuils ne sont pas faits pour les chiens, que je sache ! Prenez ce siège, jeune homme !

Il empoigne André à bras-le-corps et le précipite dans un fauteuil. Le nez de Madame Pic blémit, tandis que ses lèvres se froncent vers le bout de cet appendice. Dans son fauteuil, André, tout étourdi de la secousse, reprend lentement ses esprits.

ANDRÉ. — Madame… Monsieur… Depuis le jour… le jour bienheureux où j’ai eu le bonheur… le bonheur bienheureux, j’ose le dire… de voir pour la première fois votre charmante fille…

 Ensemble : Mme  PIC. — C’était chez l’oncle Bois-robert !
M. PIC. — Chez mon vieil ami Prunot, je m’y vois encore.

ANDRÉ — je vous demande pardon…

 Ensemble : M. PIC. — Taisez-vous, vieille folle !
Mme  PIC. — Laissez donc parler monsieur André !

M. PIC. — Ne faites pas attention. Sa tête déménage quelquefois.

Mme  PIC. — Voyez, jeune homme, à quelles absences de mémoire peut conduire l’abus du tabac et des liqueurs fortes.

ANDRÉ. — je vous demande pardon… C’était à la noce de mon ami Gérard.

M. PIC. — Du moment où vous me prenez pour un imbécile, vous aussi…

Mme  PIC. — je crois avoir entendu dire, jeune