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transpercer l’un des mutins, comme Murat, au camp de Boulogne, égorgeant froidement son cheval dont les écarts compromettaient le bon ordre de la parade. Mais un commandement retentit ; le peloton s’arrête, sauf les quatre derniers hommes, qui vont buter de leur mieux contre les autres. Après quelques évolutions laborieuses et mouvementées, les chefs parviennent à placer leurs hommes sur deux rangs et commandent :

« En place repos ! »

Alors, Bouyote se tourne vers le petit sergent et demande d’un air prodigieusement intrigué :

— Dis donc, Makêye… pourquoi-y-est-ce que tu nous voulais tantôt faire marcher au pas ?

LE SERGENT, toujours furibond. — Je vous dèfends d’ m’app’ler Makêye !

BOUYOTE. — Là aller lui ! Quand tu n’es pas masqué à soldat, on n’ t’appelle jamais aut’ment, èt tu n’ôsses rien dire… Comment est-ce qu’i t’ faut app’ler don ainsi ?

LE SERGENT. — Je vous prîye de m’app’ler sergent.

BOUYOTE. — Là, quel drolle de nom ! Je n’ pourra jamais, sé-tu ; je sens bien qu’ je n’ s’ra jamais capâpe de ret’nir un si drolle de nom.

PID D’HAME. — Moi, je l’ voudrais bien dire ; mais l’ méd’cin m’a bien acertiné qu’ j’ai une maladîye qu’on tompe raite-mort quand on dit c’ mot-là… Mais pourquoi nous voulais-tu faire marcher au pas, paraît ?

LE SERGENT. — Pasque… Pasque c’est mon d’ vwoir !

CRETON. — Là qu’ j’enrache ! On a donné des nouveaux ortes, paraît peut-ète ?